INTRODUCTION

Photographe amateur, voyageur de l’intérieur et de l’espace, tourné vers la découverte de nos frères humains qui peuplent cette planète, je partage avec vous tous, grâce à  Internet, ces quelques photos qui sont une synthèse du reflet de ma vision « instantanée » des gens et de leur environnement que j’ai rencontré.

Avec mon épouse Sylvie, qui, elle aussi ne dédaigne pas « taquiner l’obturateur » par temps de bonheur et d’horizons lointains, nous voulons montrer sous une forme que nous voulons jolie et chaleureuse, des femmes, des hommes et des couleurs lointaines et parfumées.

Nous voulons aussi vous faire partager cette richesse immense qu’est la diversité des cultures au travers de portraits de gens dont la civilisation est sur une courbe descendante inexorable. La fin de centaines de petites ethnies est programmée. L’homogénéisation culturelle a commencé depuis un certain temps et aujourd’hui nous en sommes les derniers témoins, hélas !

Jusqu’à présent, nous avons privilégié les voyages en Asie, de l’Inde aux Philippines, mais notre initiation aux cultures ethniques a commencé au début des années 70 en Nouvelle Calédonie. A l’époque il était courant d’entendre dire que les Kanaks étaient pauvres culturellement car ils n’avaient pas de tradition écrite, que la colonisation les avait sortis de l’anthropophagie, etc… Quand nous avons découvert la réalité de la richesse profonde de ce peuple, nous en avons été bouleversé et notre regard sur le monde a changé radicalement.

Mais rassurez vous, nous n’allons pas ici tenir de discours sociologique, politique ou moraliste. D’ailleurs nous ne sommes pas des spécialistes et notre contribution se bornera à  vous montrer quelques photos. Notez, cependant, cet étrange paradoxe : La Birmanie, pays d’une grande beauté, aux ethnies nombreuses mais au régime totalitaire, qui est l’un des pays les plus durs et des plus fermés du monde, est également celui où l’on peut trouver encore des tribus ethniques ayant presque gardé intact leurs coutumes ancestrales. Cela s’explique par le nombre important de groupes ethniques et par l’isolement forcé du pays. Cela évidemment ne contrebalançant pas les exactions nombreuses du régime militaire sur certains peuples de Birmanie et sur les effets extrêmement néfastes du trafic de drogue, de pierres précieuses et autre joyeusetés. Capitalisme et communisme n’ont pas non plus contribué à préserver ces communautés dans le reste de l’Asie. Pourtant, il ne faut pas non plus penser que ce phénomène est récent. Depuis des siècles les ethnies majoritaires, Hans-Viets-Laos-Birmans-Thaïs, par exemple, ont guerroyé et repoussé au fil du temps de nombreuses ethnies dans les montagnes séparant la Chine des autres pays du Sud Est Asiatique. C’est au prix d’un certain isolement et de leur adaptation à la vie montagnarde rude que ces minorités ont subsisté jusqu’à nos jours. Seulement aujourd’hui, après la seconde guerre mondiale, les nationalismes exacerbés de tous poils, les régimes maoïstes et staliniens, la folie mercantile expansionniste du capitalisme occidental et… la croissance exponentielle de la population mondiale, nous sommes arrivé à un point où ces cultures sont exténuées, asphyxiées.

Regardez les photos et si dans trente ans ces gens existent encore comme ils sont aujourd’hui dans le meilleurs des cas, alors c’est que nous nous sommes trompés et ce sera formidable. Mais quand on voit le travail photographique d’ Edouardo Massferré  aux Philippines entre les années1930 et 1970 sur le peuple Kalinga et la réalité d’aujourd’hui, nous sommes en droit d’avoir de sérieux doutes sur l’avenir.

Seulement il faut se dire que jamais rien n’est définitif et c’est sur cette pensée d’espoir que je vous souhaite à tous un bon voyage.

Jean-Stéphane Vissouze / 2008