Nous sommes tous des « Chasseurs de Têtes » en effet et je vais vous dire pourquoi :

Imaginez, vous êtes quelques centaines de milliers d’individus à vous partager le globe terrestre et vous devez affronter tout le temps, de nuit comme de jour, mille dangers et mille tracas comme, accessoirement, le besoin de se nourrir impérativement. Alors vous sillonnez cette terre plus souvent hostile que bienfaitrice à la recherche d’un endroit où vous trouverez baies et légumineuses, viandes ou poissons, de manière à rester en vie. Un endroit si possible dépourvu d’animaux dangereux et dont les conditions environnementales soient les plus propices à votre bien-être. Pas facile, vraiment pas facile, surtout quand soudain un autre groupe humain vous signifie violemment que vous êtes indésirables parce que, eux, ont trouvé ce coin de « paradis » avant vous et qu’ils n’ont pas du tout envie de devoir le partager avec vous. C’est là, à ce moment précis, que vous devenez féroce, avide de gagner votre place au…paradis ! C’est une question de vie ou de mort et c’est pourquoi, et quoi qu’on en dise, la raison de notre présence à tous sur cette terre aujourd’hui.

Partout, en Europe, an Asie, aux Amériques et jusque dans les terres australes nos ancêtres furent des Chasseurs de Têtes. Cà, c’était quand nous étions gentils et surtout parce qu’on n’avait pas découvert les armes à feu, les canons, les missiles et la bombe atomique. Aujourd’hui on ne coupe des têtes qu’en de rares occasions car nous avons bien mieux. Nos ancêtres avaient des excuses, pas nous. Alors acceptons cet héritage en toute connaissance de cause pour mieux combattre nos démons. L’ignorance en ce domaine annihile toute prise de conscience. Les chasseurs de têtes, récemment reconvertis en chasseurs de touristes, ne sont plus des épouvantails et nous avons pris leur place.

Etant gosse, je rêvais d’aller sur d’autres planètes et de conquérir l’univers tout entier. J’étais jeune et naïf et maintenant je sais ce qui clochait dans cette envie jubilatoire : le mot « conquérir ». Car derrière ce mot se cache l’atavisme du coupe-coupe. Nous ne sommes visiblement pas près pour aller voir ailleurs sans provoquer d’autres dégâts de plus en plus énormes. Alors commençons par nous regarder en face : nous sommes tous des Chasseurs de têtes !